Une opération assez inusitée pour la période hivernale s’est déroulée dans la semaine du 11 au 15 janvier à la Centrale Chute-à-la-Savane (CCS). Les planificateurs de travaux ont profité des températures exceptionnelles pour procéder à une opération de «clamage» pour libérer les grilles de conduite forcée du bois qui s’y était accumulé. Cette opération a normalement lieu entre juin et septembre.
Si l’opération avait été retardée jusqu’au dégel, la centrale aurait subi une perte de 20 % de capacité de production du groupe turbine alternateur no 1, ce qui aurait
représenté des pertes quotidiennes de 2 100 $, soit un total de 105 000 $.
Afin de limiter les pertes, les équipes ont décidé de mobiliser l’équipement pour tenter l’opération de « clamage » avant le prochain gel. « Il fallait agir vite pour ne pas rater la très courte fenêtre de redoux, indique Charles Fortin, superviseur de travaux civil, Énergie Électrique. Nous avons pris la décision de faire les travaux le jeudi 7 janvier. Quatre jours plus tard, les fournisseurs et les employés se mobilisaient déjà pour effectuer les travaux. »
« C’est la première fois que nous faisions cette opération pendant l’hiver, souligne l’équipe civile. Nous avons dû réaliser quelques étapes supplémentaires, comme du déneigement et l’ajout de sable sur le tablier pour éviter une chute, mais la température clémente nous a permis de faire le “clamage” avec succès. »
« L’opération était inhabituelle pour deux raisons, explique Daniel Boily, surveillant principal Centrale Chute-du-Diable (CCD) et CCS. Premièrement, parce que nous avons procédé durant l’hiver, car lorsqu’il fait trop froid, la grue gèle instantanément à la sortie de l’eau. Deuxièmement, parce que très peu de bois se retrouve généralement à CCS étant donné que CCD, située en amont, retient la quasi-totalité des débris. »
Les techniciens ont effectué les plans de levage particuliers en raison du couvert de neige et ont réalisé les travaux en collaboration avec Grue Guay qui possède la seule grue de 90 tonnes capable d’accomplir ce type d’opération.
« Les travaux ont pris cinq jours, soit une journée de mobilisation et quatre jours de travail. Nous avons réussi notre pari grâce à l’agilité et la flexibilité des employés », explique Frédéric Tremblay, superviseur d’entretien, CCS.
L’arrêt des centrales pendant le feu de forêt majeur du secteur Chute-des-Passes l’été dernier pourrait expliquer cette accumulation soudaine. Les variations importantes du niveau de l’eau pourraient avoir libéré du bois qui était prisonnier du lit de la rivière Péribonka depuis la fin du flottage en 1997. Au total, ce sont près de 50 voyages de camions qui ont dû être effectués pour évacuer le bois hors du site et redonner à la centrale sa pleine capacité de production.
Tiré du journal Le Lingot de février 2021